Les Français se sont nettement prononcés contre l’allumage des feux le jour

Du 30 octobre 2004 au 27 mars 2005, les pouvoirs publics ont invité tous les usagers à allumer leurs feux de croisement quand ils circulent de jour, hors agglomération.

Malgré l’échec de l’expérimentation (lire : les résultats de l’expérimentation), ils ont décidé de poursuivre leur incitation à l’allumage des feux de croisement le jour, jusqu’au 30 septembre en tout cas.

1. Cette mesure permettrait d’être mieux vu, et de mieux voir.

- Personne ne conteste, et la FFMC en premier, l’utilité et l’importance d’allumer ses feux de croisement lorsque les conditions de luminosité l’exigent (pluie, brouillard, aube et crépuscule, tunnels, …).
C’est d’ailleurs inscrit dans le code de la route :
"La nuit, ou le jour lorsque la visibilité est insuffisante, tout conducteur d’un véhicule doit, dans les conditions définies à la présente section, faire usage des feux dont le véhicule doit être équipé" article R 416-4

- D’après Gilles de Robien, "allumer les phares permettra à ceux qui ont des déficiences de mieux voir". Or la très officielle Association Nationale pour l’Amélioration de la Vue (ASNAV), partant du constat que "30% des conducteurs ont un défaut visuel non corrigé et que 7% ne satisfont pas les minima requis dans le cadre du Code de la Route", dénonce que tout ne soit pas mis en œuvre "afin que chaque conducteur ait une bonne vision plutôt que de prendre des mesures pour rendre la voiture plus visible".

Faudra-t-il, le jour où plus de la moitié des français auront une mauvaise vision car l’Etat n’aura pas pris en charge ce problème de santé publique, doubler la puissance des phares de voitures pour compenser ?

2. Cette mesure relèverait d’un consensus d’experts

Les pouvoirs publics ont pris exemple sur les pays nordiques, qui ont imposé cette mesure il y a plus de 20 ans, alors qu’aucune solution technique n’existait à l’époque, et où les conditions de luminosité n’ont rien à voir avec la France (lire l’historique) ; quant à l’Italie, elle a mis en œuvre cette mesure, mais uniquement sur une partie infime du réseau routier (réseau autoroutier géré par l’Etat), et en même temps qu’elle a introduit le permis à point, rendant ainsi toute conclusion impossible !

Toutes les études "d’experts" partent en fait d’une seule et même étude d’origine, le Rapport Konstra. C’est lui, ainsi que les commentaires apportés par le cabinet SWOV qui nourrissent les réflexions des pouvoirs publics et qui a motivé le Comité des Experts du CNSR
Pourtant, les études contradictoires sont nombreuses (Lire : Un consensus d’experts ?). Elles mettent notamment en cause les méthodes utilisées pour ces analyses, ainsi que des partis pris retirant toute objectivité à ces études.

Et c’est oublier aussi tous les experts s’étant prononcé contre l’allumage des feux de croisement pour tous le jour : dans tous les pays qui ont renoncé à cette mesure (Lire : L’allumage des feux de jour dans le Monde), ainsi que l’ensemble des fédérations de motards, cyclistes, piétons, associations de victimes qui se sont prononcé contre au niveau européen (Lire : Les répercussions de la mesure et les positions d’autres associations)

3. Cette mesure serait facile à mettre en œuvre.

Ce qui est facile, ce sont les augmentations de consommation et de pollution qu’elle engendre !

Rapportée à l’ensemble de la population automobilistes française (35 millions de véhicules), l’augmentation de 2% de la consommation d’essence liée à l’allumage des feux se traduit par une augmentation de la consommation d’essence de 780 millions de litres (sur laquelle l’Etat empocherait 650 millions d’euros par le biais de la TIPP [Taxe Intérieure sur les Produits Pétroliers] et de la TVA).

L’augmentation de la pollution atmosphérique liée aux ‘feux de jours’ a été évaluée par l’ADEME (Association pour la Défense de l’Environnement et la Maîtrise de l’Energie) à 1,3 millions de tonnes de CO2, soit une augmentation de 1.56% de la pollution du secteur automobile.


Parce que l’allumage des feux le jour est une mesure dangereuse, plus motivée par des impératifs de communication qu’une véritable légitimité scientifique, la FFMC a appelé à son boycott et à signer une pétition, qui a recueilli 184 234 signatures.

Mais parce que l’amélioration de la visibilité des véhicules, notamment dans les zones à faible luminosité, est nécessaire, la FFMC propose quatre mesures utiles et facilement mises en oeuvre (lire : Quelles propositions pour améliorer la visibilité de tous les véhicules, et garantir la sécurité de tous les usagers ?)