Contrôle technique moto : un scandale à plusieurs étages !

L’actualité récente du parlement européen a remis sur le devant de la scène un dossier sur lequel la FFMC n’a jamais cessé de plancher : le contrôle technique. Un véritable scandale sous plusieurs aspects, qui après avoir été mis en échec en France revient par l’Europe : explications.

L’historique du contrôle technique moto (CT) comporte trois phases principales :

- la tentative de mise en place du CT par l’État français, contrée avec succès par la FFMC.


- la directive européenne qui prévoit une mise en place au 1er janvier 2022 pour les États membres selon conditions.
- la dernière proposition soumise par le parlement européen, dont l’objectif à terme serait un contrôle technique pour toutes les catégories de deux-roues motorisés pour tous les États membres. Un projet qui va faire l’objet d’études par la Commission européenne, et qui ne pourra de toutes façons pas aboutir avant quelques années.

Dans ces trois cas de figure, et quelle qu’en soit l’issue, il y a trois motifs essentiels qui nous indignent :

Le premier est la débauche de moyens engagée pour ce projet de contrôle technique, tant au niveau français qu’au niveau européen. Pourquoi ? Parce que les études montrent qu’une défaillance technique ne concerne qu’une petite minorité de l’accidentalité moto, estimé à 0.3 % de la mortalité ([étude MAIDS, rapport des Ponts et Chaussées->https://ffmc.asso.fr/vers-un-futur-controle-periodique]) ! Quel mépris pour les 99.7 % de victimes que ne concerne pas cette débauche de moyens et de deniers publics !

Le deuxième est la scandaleuse confusion des rôles qui fait que le consortium chargé d’étudier la pertinence de mettre en place le CT comporte parmi ses membres des opérateurs de contrôle technique ! Quand on propose à Dekra d’étudier la pertinence du CT, il va bien évidemment dire que ça sera très utile... même si ça le sera surtout pour son chiffre d’affaires ! Ce scandale des ces prétendus experts qui ne font en réalité que défendre leurs propres intérêts avait déjà été dénoncé en France par la FFMC depuis 2007 ! Pourtant, quand à l’époque Eric de Seynes qui dirigeait la branche deux-roues de la CSIAM (chambre syndicale des importateurs d’automobiles et de motocycles) avait suggéré l’alternative d’un contrôle à la revente - que la FFMC jugeait d’ailleurs tout aussi inutile - qui pourrait être fait dans les ateliers moto, on lui avait rétorqué que ces ateliers ne pouvaient pas prétendre être juges et parties ! Mais quand ce sont Dekra et consorts qui sont à la fois de juges et parties, c’est visiblement différent...

Dernier point scandaleux, l’étude portée devant le parlement européen, et sur laquelle il s’appuie pour recommander la mise en place du CT pour tous les États membres et pour toues les catégories de 2RM a en réalité été menée sur des cyclomoteurs (des 49.9 !) et dans des provinces espagnoles. Et c’est cette étude qui a été extrapolée à tous les pays européens et toutes les catégories, sans aucune base scientifique pour étayer cette extrapolation ! De quoi faire rougir la Haute autorité pour la transparence de la vie publique française, qui stipule bien que le fait de "communiquer délibérément à des personnes détentrices de l’autorité publique des informations erronées ou des manœuvres destinées à les tromper" est tout sauf scientifique, et s’approche dangereusement de la tromperie ! Autant demander à un fabricant d’aspirateurs si la meilleure façon d’enlever la poussière n’est pas l’achat obligatoire d’un... aspirateur !

Un dernier point sur ce qui existe déjà dans la loi française quant aux conditions de sécurité que doit présenter un 2RM : il est déjà inclus dans les textes que toute visite dans un atelier moto implique que le 2RM ne puisse ressortir de l’atelier que si et seulement s’il présente toutes les conditions techniques nécessaires à la sécurité. La responsabilité du professionnel est engagée, même si vous n’êtes allés à l’atelier par exemple que pour refaire gratuitement la pression de vos pneus ! Autant dire qu’il a tout intérêt à bien y veiller pour des raisons déontologiques, légales... et commerciales !

En résumé, on déploie donc des moyens totalement disproportionnés à la réalité du risque lié à la sécurité, et ce sur la base d’études défendues par les futurs opérateurs eux-mêmes. La FFMC le rappelle depuis plus de 40 ans : la sécurité s’obtient par l’éducation, pas par la contrainte, surtout quand cette contrainte est totalement déconnectée de la réalité au profit de faux experts qui sont de vrais affairistes, au plus mauvais sens du terme. Nous continuerons à dénoncer ce scandale jusqu’au bout, en France comme en Europe !

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