La FFMC 2.0

Le 9 mai, quelques députés fort mal inspirés se mêlaient de rédiger un amendement à la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) qui allait mettre le feu aux poudres chez les motards en colère. La FFMC, elle, était en réunion du bureau du CNSR (Conseil National de la Sécurité Routière) et exprimait son dépit de la gestion des 80km/h et de la politique de Sécurité routière dans son ensemble. De plus, en l’absence de séance plénière du CNSR, il est impossible de communiquer sur les travaux du même Conseil qui sont pourtant nombreux et pour certains, empreints de la volonté de limiter du mieux possible la mortalité routière.

Et le samedi 11 mai « BOUM » le fameux amendement explose sur les réseaux et les motards prennent tous 9000 tours derrière leurs écrans.

Quoi ? Le gilet fluo ? Comment osent t’ils ramener ça sur le tapis alors que la question est réglée depuis années ? Ils veulent quoi ? Sans doute ces députés forts mal informés trouvent-ils qu’il n’y a pas assez de jaune dans les rues tous les samedis depuis 6 mois ? Et aussitôt, les demandes de manifs affluent et des affiches fleurissent…

Déjà que notre présence dans ce Conseil n’est pas bien comprise par tous… En raison de la crise sociale, il n’y aura pas de plénière CNSR, les politiques ne souhaitant pas s’exposer médiatiquement sur un sujet aussi sensible que la Sécurité Routière… Les membres du CNSR sont soumis à des règles de confidentialité quant aux travaux en cours… Pourquoi donc compliquer encore les choses avec cet amendement qui nie tout ce travail commun ?

Rapidement, la résistance s’organise et les antennes de la FFMC se procurent les adresses mails de leurs députés, et surtout des 27 qui ont signé l’amendement, les mails partent en nombre. Côté national, Le Délégué interministériel à la sécurité routière et le président du CNSR sont informés : à quoi sert de tant travailler en commissions, de rédiger et lire tant et tant de comptes-rendus, de s’acharner de manière constructive et collective à trouver des solutions pour qu’au final, une bande de 30 ignorants nous sabotent le travail en un clic ? Même la FEMA (Federation of European Motorcyclists Association) s’en mêle nous procurant une étude qui met en doute la corrélation entre « haute visibilité » et baisse de l’accidentalité…

Et tout ça fonctionne. Mercredi 15 mai, soit en moins de 4 jours, le soufflé retombe, les députés se désolidarisent un par un de cet amendement foireux, la Délégation à la Sécurité Routière émet un avis défavorable et selon nos informations, le gouvernement ne soutiendra pas cet amendement pourtant proposé par sa majorité.

Sans doute y aura-t-il quelques manifs ce we, pour apaiser les dernières braises de colère, mais c’est fini : notre vigilance, notre réseau national, la vitalité des antennes locales, la vigilance de tous ont fonctionné à plein : nous n’aurons pas besoin de mettre le feu à des gilet fluo en 2019 comme nous le fîmes partout en France en 2012.

Et mine de rien, sans s’en rendre compte, la FFMC vit une révolution : elle vient d’organiser et mettre en œuvre brillamment sa toute première manif virtuelle !

La FFMC 2.0 en somme.

Cerise sur le gâteau, alors que nous avions largement prévenus et communiqué sur le rejet des usagers de la route en ce qui concerne le 80km/h, Edouard Philippe annonce qu’il renonce à la généralisation, que des assouplissements seront possibles.

On a envie de lui dire : tout ça pour ça ? Tout ce cirque et cet argent public dépensé pour renoncer à 15 jours d’une élection ? Vous vouliez sauver des vies ? Et vous les bradez pour des votes ? Que n’avez-vous écouté les avertissements répétés de la FFMC.

Ecoutez-nous aujourd’hui : pour la sécurité routière aussi, il faut passer au 2.0, faire une révolution et, enfin, enclencher le mode bienveillance, le mode formation, éducation, communication pour en finir avec le tout répressif. Les usagers n’en peuvent plus et n’en veulent plus.

Pour sauver des vies, vous devez changer de méthode et convaincre plutôt que contraindre.