Les sujets sont intéressants et organisé sous forme de "tables rondes" où les sponsors de l’évènement (Assureurs et sociétés d’autoroute principalement) étaient bien représentés. La réflexion est axée sur la recherche de solutions et non le simple constat.
Ce que nous en avons retenu
On commence par un paradoxe : 9 personnes sur 10 sont favorables à une répression accrue du téléphone au volant et pourtant 9 personnes sur 10 (les mêmes ?) utilisent occasionnellement leur téléphone en conduisant ... (Chiffres "déclaratifs" donc à prendre avec des pincettes)
Cette situation s’aggrave puisqu’entre 2013 et 2018, le "taux d’utilisation" du smartphone au volant a été plus que multiplié par deux. Il faut dire qu’en voiture, nos smartphones servent aussi de chaine hifi et de GPS... et que le conducteur se retrouve du coup fatalement sujet aux "notifications" (de message, de like, etc... ) à moins de savoir les désactiver sélectivement.
Un sociologue des comportements va plus loin que le discours habituel sur l’addiction aux smartphone puisqu’on parle maintenant d’emprise, le smartphone étant vécu, notamment par les jeunes générations, comme une extension de son cerveau.
Comment aborder la question et traiter le problème ? La solution passerait par le fait que s’inquiéter des comportements des autres permet de se questionner sur les nôtres.
Un nutritionniste a fait l’éloge du jeûne comme moyen de lutter contre la somnolence post-prandiale et améliorer la vigilance (apparemment ça remonte au temps des hommes de caverne qui devaient aller chasser quand ils avaient faim) à la condition de bien s’hydrater quand même.
Un addictologue pointe qu’il n’y a pas d’addiction à la vitesse en soi (ouf !) , mais plutôt des gens qui recherchent des sensations et souligne qu’il ne faut pas confondre addiction et dépendance technologique à l’outil.
Des députés ont souligné que le sujet « sécurité routière » était non partisan et s’interrogent sur les pistes législatives pour juguler le phénomène du « téléphone au volant » (ou au guidon…), travail compliqué par le fait que les voitures sont aujourd’hui carrément pré-cablées pour recevoir le smartphone qui trône désormais au milieu de la planche de bord... En parlant des véhicules, ceux-ci seront obligatoirement équipés dès 2022 de détecteurs de perte de vigilance (clignement des paupières , tête qui tombe, ...) du conducteur.
A noter que la LOM (Loi d’Orientation sur les Mobilités) durcit déjà les sanctions sur le téléphone au volant qui est désormais passible d’un retrait de permis. Le risque d’accident multiplié par 3 en cas d’utilisation du téléphone, et par 23 (!!) en cas de texto au volant. Les forces de police dressent 800 infractions par jour pour téléphone au volant.
Daniel Penet de la FFA (Fédération française de l’assurance) souligne l’avènement des véhicules connectés qui permettent de collecter des données sur leur usage et permet un diagnostic individualisé de la conduite... Il relève que si l’alcool ou l’absence de permis au volant est une clause d’exclusion des garanties, le smartphone ne l’est pas...
Quelques startuper (Toucango, Phasya, Ellice Healthy, Smartphoners), sont venus expliquer comment le smartphone ou les technologies pouvaient aussi être utilisés pour améliorer la sécurité routière, par exemple en coupant certaines fonctions du téléphone lorsqu’on est en voiture, en surveillant l’état de vigilance du conducteur, ou en déclenchant des alertes etc...
- Montre connectée, une TV au tableau de bord, les distracteurs sont légion au volant !
Dans sa conclusion de la matinée, le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, était assez loin du rôle de père Fouettard qu’on lui colle souvent. Il relève que "la connectivité isole", qu’il est difficile de lutter contre un objet utile et socialement valorisant. Il note qu’il existe une appli de la SR qui coupe certaines fonctions quand on roule. Il souligne que, si 82% des responsables d’accident sont des hommes, l’addiction aux smartphones touche indifféremment femmes et hommes et qu’il sera intéressant de voir comment les chiffres évoluent. Il note que les nouveaux radars tourelles vont pouvoir verbaliser l’utilisation du téléphone au volant. Il rebondit sur les propos de Daniel Penet et déclare qu’il serait intéressant d’étudier la possibilité d’inclure l’usage du smartphone comme une clause d’exclusion des garanties des assureurs. Il insiste sur l’importance de retrouver un consensus sur les sujets de sécurité routière (enfin ?) et relève que les technologies permettent de mener des actions ciblées sur les comportements réellement dangereux causés une minorité plutôt que d’emmerder tout le monde.
NB : Ceci ne prétend pas être un compte rendu fidèle mais un relevé des sujets qui agitent la sécuritosphère réalisé en 30 minutes chrono, avec un regard forcément biaisé par ce que l’observateur, retient et comprend de ce qu’il entend.