ecall 112 : quand c’est votre voiture qui appelle les secours...

Depuis le 1er avril 2018, l’ecall, un dispositif qui contacte automatiquement les services d’urgence en cas d’accident, équipe tous les nouveaux véhicules automobiles en Europe.

En cas d’accident, en particulier avec des blessures graves, l’arrivée rapide des secours est importante et peut être une affaire de vie ou de mort.
La plupart du temps, quelqu’un va appeler les services de secours, et leur dire ce qui s’est passé, ce qui est nécessaire, localiser l’accident etc...

Mais parfois, en campagne, la nuit, ou simplement par malchance, en l’absence de tiers impliqué ou de témoin, les victimes ne sont pas en mesure de le faire. Avec l’ecall, obligatoire sur tous les nouveaux véhicules depuis 2018, une voiture récente ayant détecté l’accident est en mesure de contacter elle même les services d’urgence, de leur communiquer le lieu de l’accident, et de mettre en contact téléphonique les occupants du véhicule avec le 112.

eCall : Système d’alerte des secours

Les motos ne sont pas soumises à cette directive, principalement en raison de la dynamique de choc différente à moto et pour plein d’autres raisons techniques évoquées plus loin.

La FFMC, en tant que membre du Conseil national de la sécurité routière a été sollicitée à donner son avis lors d’une consultation organisée conjointement par le conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), le conseil général de l’économie (CGE) et l’inspection générale de l’administration (IGA). S’agissant d’un "ecall voiture", la FFMC n’a pas forcément d’avis à donner, puisqu’elle siège en tant que représentante des motards. Et on peut s’en tenir là.

On peut aussi s’interroger sur l’utilité d’un tel système sur une moto puisque cela fait déjà l’objet de recherches.

Dolf Willigers, secrétaire général de la FEMA a écrit en 2016 un article (en anglais) expliquant ce que c’est que eCall, comment il fonctionne, et comment il peut être adapté (ou pas) à la moto.

Point de départ de l’article, des situations avérées d’accident où le corps du motard a été retrouvé plusieurs heures (et parfois plusieurs jours) après un accident, et où une alerte automatique des services de secours aurait pu le sauver.
En résumé, l’article indique que le système peut sauver des vies, dans certains cas peu nombreux et s’il fonctionne bien. Mais ce n’est pas encore au point, et les questions restent nombreuses !
Le système de détection de choc devrait il être sur la moto, sur le conducteur, dans le casque ? (pour permettre la communication avec les services d’urgence) ? Comment éviter les fausses alertes (chute du casque, de la moto, sans gravité, ... ). En automobile , c’est le déclenchement des airbags qui signe l’appel automatique aux services d’urgence. Mais à moto, pas d’airbag ! Et le pilote se retrouve généralement séparé de son véhicule en cas d’accident. Comment traiter toutes ces spécificités ?
Il existe aussi de nombreuses applis smartphone qui peuvent apporter le même type de service. D’après Dolf, aucune ne fonctionne parfaitement, les fausses alertes sont possibles, les problèmes de batterie présentes, et la question du conducteur qui se retrouverait séparé de son véhicule reste entier, par exemple dans un accident où le smartphone est fixé la moto, car utilisé comme navigateur gps.

En revanche, l’article de la FEMA écarte les inquiétudes d’un "bigbrother" dans le véhicule : le Parlement Européen a veillé à la protection des données personnelles en interdisant tout "pistage" d’un véhicule via le 112 : Le système ne s’active qu’en cas d’accident. "Si on va par là, il y a bien plus intrusif, c’est notre smartphone" souligne Dolf. Reste à savoir les constructeurs auto ne pourraient pas être tentés de tracer leurs clients par de tels dispositifs. Et sur une appli smartphone, quid de nos données personnelles ?

Dolf alerte surtout sur le principal défaut de l’ecall pour la sécurité routière : il n’évite pas l’accident, il n’en réduit pas la gravité, il peut seulement en réduire les conséquences en accélérant l’alerte des services d’urgence. Ce qui n’est déjà pas si mal... surtout sur des accidents de moto ou le diagnostic vital est plus souvent en jeu qu’en auto.

A noter que l’ACEM (Association des Constructeurs européens de motocycles) a également travaillé sur le sujet au sein du projet i_HeErO et présente sa position dans ce document (en anglais)

Les constructeurs y alertent sur les difficultés à installer le même système que celui prévu pour les voitures (incompatibilités) et proposent des pistes de travail.

Et vous, qu’en pensez vous ?

3 commentaires

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  • Comment un GPS qui n’a pas de carte SIM peut il appeler le 112 ?

  • Si c’est bien programmé, le sytème s’étant mis en marche en même temps que la moto, détectera un déplacement. Et seulement en cas de chute, donc angle supérieur à une prise de courbe, plus arrêt du déplacement, le sytème en déduira qu’il y a accident. Ce serait mieux qu’il soit avec le motard, voire aussi le/la passagère.
    Pour ma part, j’ai un airbag Ixon, avec l’appli Liberty Rider, une fois sur deux mon trajet se termine par une grande ligne droite, d’un point où je suis passé, jusqu’à ma destination, alors, sait il où je suis réellement entre ces deux points ?

  • Qu’est-ce qu’on en pense ? Sachant que le comité des experts du CNSR recommande l’E-call sur les motos sans y avoir réfléchi plus que ça, on voit bien que ces "experts" se sont dit, "si c’est bon pour la bagnole, on va le mettre sur les motos... on n’est pas sûr que ça sauve des vies (interdire la moto sauverait davantage les motards), mais comme on ne peut pas encore interdire la moto, on va faire une annonce du genre c’est pour vot’ bien".
    Et zou, ce qui est obligatoire en auto, on le généralise à la moto. Si ils pouvaient, ils recommanderaient de mettre quatre roues aux motos, une carrosserie, des ceintures de sécurité, etc.
    En "même temps", comme dirait l’autre, les bornes d’appel d’urgence ont disparu du bord des routes et une véritable formation aux premiers secours n’est toujours pas enseignée dès l’école et un peu partout, des obstacles fixes continuent à être installés aux bord des routes, en dépit des recommandations de base pour la prise en compte des 2RM dans la conception et la gestion des infrastructures routières, comme en témoigne chaque mois la rubrique "Casque d’âne" de Moto-Magazine.
    Pfff !