- Photo Grégory Mathieu Motomag
Ils et elles ont bravé la pluie, les vacances, la pandémie, pour défendre leurs droits. Les motards, comme ci-dessus sous une pluie battante à Paris, sont sortis pour défendre leur bon droit. Nous le martelons depuis des années, nos institutions l’ont bien compris puisqu’elles ont voté le NON au contrôle technique moto (CT).
Aujourd’hui, la bataille se situe bien en amont du terrain et de la démocratie. Elle est partie vers les hautes sphères des bureaux des plus gros opérateurs européens du contrôle technique. Pourtant, les centres que nos motards ont pu visiter, dans leur grande majorité, ne se disent pas prêts à faire ce contrôle technique pour bien des raisons :
faisabilité technique : il faut d’autres machines pour les contrôles de deux-roues, donc la place de les mettre... et les finances pour les acheter !
faisabilité humaine : les centres de contrôle technique se disent déjà en sous-effectif pour réaliser les contrôles des autos : comment vont-ils former, voire recruter, du personnel pour faire ceux des 2RM ?
faisabilité économique : les dépenses en matériel et en ressources humaines vont-elles être rentabilisées par le contrôle technique de 4 millions de 2RM (pour mémoire, les voitures sont au nombre de 40 millions !)
Autant dire que la majorité des "petits" centres n’auront jamais la capacité de réaliser ces opérations...
La Mutuelle des motards a elle aussi réalisé des études sur le rapport entre l’accidentalité et l’état des 2RM, que vous trouverez au bas de cet article, dont les conclusions générales sont :
La cause technique ou le défaut d’entretien dans les accidents de 2RM restent infimes
Un CT 2RM n’aurait pour finalité que de sanctionner l’usage de pièces non-origine (qui n’ont aucun lien de causalité avéré sur l’accidentalité)
La vulnérabilité des motards reste la première cause de leur mortalité, et un contrôle technique n’y changerait rien
De par son kilométrage annuel moyen parcouru (un peu plus de 4000 km par an), un 2RM s’use bien moins vite qu’une automobile.
Soit une nouvelle démonstration de l’inutilité de ce CT pour la sécurité routière.
Deux nouveaux prétextes à la mise en place du CT moto se font "sentir" : la lutte contre le bruit et la lutte contre la pollution. Se limiter à un contrôle une fois tous les deux ans n’est pas une décision très courageuse pour l’écologie et la tranquillité publique, mais passons. Sans compter que cela fait glisser vers le "privé" cette responsabilité relevant du domaine public...
Mais le pire est que là encore, un CT n’aurait pas beaucoup d’effet : si un usager a la volonté de faire du bruit (quel qu’en soit le prétexte), il va soit remettre le "Db killer" (chicane amovible), soit investir dans un silencieux voire une ligne d’échappement adaptable le jour du contrôle.
La FFMC a montré qu’elle ne laisserait pas passer ce projet inutile à tous points de vue SAUF le bénéfice des Dekra et consorts. Et si nous avons mis entre 25 et 30 000 motards dans les rues le week-end dernier en période de vacances, de pluie souvent, et de pandémie, on peut imaginer combien serions avec nous par beau temps, hors confinement ! Une menace ? Non, une promesse !