Nos parents et les plus âgés d’entre nous se souviennent de la vignette automobile, ronde puis octogonale, toujours en couleur, dans les années 70-80. Taxe destinée initialement à financer les retraites des vieux, c’était devenue une taxe tout court. Quand le gouvernement de Raymond Barre, 1er ministre du président Giscard d’Estaing, décide d’étendre cette taxe aux motos, la colère gronde chez les motards et cela contribuera à la création de la FFMC en 1980. Finalement, la vignette moto sera supprimée par François Mitterrand qui tiendra au moins une promesse, mieux que ne le fait son successeur actuel, un certain François Hollande. Entre-temps, un tas de politiciens ont tenté (et tentent encore) de supprimer la moto, les motards et la FFMC, mais nous sommes toujours là !
Tous fichés à la pastille de couleur
Trente-six ans plus tard, en juin 2016, Ségolène Royal, ministre de la pollution et de l’électricité nucléaire, décide de réintroduire une vignette payante pour les véhicules (motos comprises)… mais cette fois, plus question de prétexter aider les vieux à survivre (plus personne n’y croirait !)…Non, cette fois, il s’agit de rendre respirable l’air des villes pour sauver tout le monde, les vieux et les bébés, les riches des beaux quartiers et les pauvres qui vivent près du périph’ ! Oh, quelle noble tâche… personne ne peut être contre, sauf les sans-cœur, les brutes pollueuses, les dévoreurs de pétrole, les grassouillets du fioul qui pue !
Donc, les vignettes de couleur permettront d’identifier (et de fliquer facilement, sauf pour les agents daltoniens) les usagers « vertueux » qui ont un véhicule « propre » et les autres, les sales, les fumants, les émetteurs de particules qui tuent 50 000 personnes par an !
Consommez de la bagnole, mais ne vous en servez pas !
Durant trois décennies, nos dirigeants politiques (toutes tendances confondues) n’ont parlé que de croissance, de développement économique, ils ont déroulé le tapis rouge aux géants des hypermarchés, laissé flamber la finance et les spéculateurs immobiliers, bétonné les zones urbaines, privatisé les transports publics, les routes et l’énergie, subventionné les agro-industriels utilisateurs de pesticides et producteurs de carburants d’origine végétale ainsi que les fabricants d’automobiles diesel qui ont délocalisé leur masse salariale au Miseristan oriental (avec de monstrueux salaires pour les dirigeants de ces firmes), supprimé les services publics de proximité, laissé casser les grands bassins d’emploi comme la sidérurgie ou le textile et maintenant, ils reprochent aux gens d’utiliser un véhicule à moteur pour aller bosser, surtout si le véhicule est un peu ancien. Et si ce véhicule est un deux-roues motorisé, quelle horreur !
Dehors, les pauvres !
D’une certaine manière, il nous est aussi reproché d’habiter en banlieue et d’avoir à nous déplacer pour gagner notre vie. C’est vrai, quoi : les gens évolués font du vélo dans Paris, ils font leurs courses sur internet et ils empruntent une Autolib nucléaire pour se rendre au théâtre. Quant aux autres, les banlieusards, faites un effort tout de même, c’est pour vot’ bien après tout !
En attendant, la vignette est de retour… et la colère des motards aussi !