Système de Transport Intelligent, quelles perspectives pour la sécurité des deux roues ?

On ne compte plus les accidents entre voitures et deux roues dus à un manque de détection ou à une mauvaise interprétation. La FEMA a décidé de s’intéresser de plus près aux nouvelles technologies d’assistance à la conduite supposées rendre la conduite moto plus sécuritaire.

Systèmes de Transports Intelligents (STI).

L’annonce dans les médias du décès d’un conducteur d’une voiture à assistance auto-pilote qui n’a pas « vu » un camion remorque a immédiatement fait réagir les conducteurs de deux roues. Si un véhicule aussi gros qu’un 15 tonnes n’a pas été détecté par la voiture, qu’en est-il des véhicules bien plus petits et discrets que sont les deux roues ?

Les voitures équipées d’assistances avancées à la conduite émergent de plus en plus et font partie intégrante des innovations technologiques en matière de conduite. Elles sont supposées améliorer les interactions entre conducteurs mais aussi entre conducteurs et environnements routiers. Elles sont aussi capables d’intervenir directement sur le véhicule en cas de situation dangereuse : aide au freinage d’urgence, ABS (système anti blocage des roues), aide au parking, régulation automatique de la vitesse, etc.

Il est aujourd’hui question d’adapter certaines assistances pour la détection des deux-roues, et d’équiper ces derniers du même genre de système. Mais les deux-roues (et leurs conducteurs) sont bien plus vulnérables que les voitures, tant par par les questions d’équilibre, que par leur absence de carrosserie. De ce fait, on ne peut pas appliquer aux deux-roues certaines assistances qui équipent les voitures : si l’ABS convient très bien à tous, la régulation de vitesse ou l’assistance au freinage d’urgence sont inapplicables en raison de l’équilibre !

Les organismes indépendants de défense des droits des motards comme la FEMA ne sont pas opposés à des modifications sur nos véhicules, mais sont très attentifs au sujet. Ils veulent avant tout s’assurer que les constructeurs et gouvernements européens prennent bien en compte les craintes et les idées des conducteurs deux roues.

Les quatre principales causes de collisions entre automobilistes et motocyclistes sont :
• les refus de priorité des voitures aux deux roues aux intersections
• le manque de vigilance aux sorties de parkings/stations essence/etc..
• les voitures qui tournent à gauche et coupent la route aux deux-roues
• les voitures roulant sur la mauvaise voie
Ces quatre causes permettent de définir les besoins premiers auxquels répondre à travers ces assistances, qui doivent réussir tous les tests d’essais avant d’être approuvées.

Les applications STI ne comprennent pas un seul « i » mais trois :
• intelligence : analyse du motocycle lui-même et de son environnement
• interaction : informer le conducteur d’un événement observé
• intervention : action de la part des technologies intégrées

La FEMA a distingué 53 applications différentes où les trois " i " sont impliqués. Après une enquête auprès d’environ 17 000 motocyclistes de 20 nationalités européennes différentes, les applications ont été séparées en deux catégories distinctes.

Bénéfiques selon les conducteurs de deux-roues :
1) ABS, systèmes de freinage antiblocage
2) casque améliorant la vision, c’est-à-dire empêchant la visière de s’embuer par chauffage ou déshumidification
3) surveillance de la température et de la pression des pneus
4) amélioration de la vision par renforcement du contraste par mauvais temps
5) assistance au freinage pour une performance maximale en cas d’urgence
6) systèmes de freinage connectés activant les freins avant et arrière quand un seul est engagé
7) coupe circuit en cas d’accident
8) diagnostic moteur des problèmes mécaniques ou techniques
9) faisceau des phares en virage
10) contrôles de stabilité empêchant les glisses de l’avant et de perdre la traction de la roue arrière

Dangereuses selon les conducteurs de deux-roues :
1) projection d’informations sur l’écran des casques
2) réduction de la vitesse en avertissant le conducteur / réduction automatique de la vitesse lorsque la limite est dépassée ou en rendant impossible d’accélérer au-delà de la limite de vitesse
3) avertissement et réduction automatique de la vitesse lorsque la vitesse du régulateur de vitesse est dépassée
4) allumage/extinction continue des feux stop (ce qui laisse entendre qu’un objet mobile risque d’être considéré immobile)
5) projection en temps réel de l’image de la caméra de recul sur l’écran du casque ou sur la bulle
6) un régulateur de vitesse adaptatif qui maintient une distance constante par rapport au véhicule qui le précède
7) un avertissement de changement de voie
8) une projection d’information sur la bulle
9) une information aux intersections de la vitesse, l’emplacement et la direction des autres véhicules
10) avertissement basé sur le GPS en cas de vitesse trop élevée ou d’inclinaison trop importante de la motocyclette

Finalement, toutes ces applications d’assistance doivent seulement aider à prévenir les erreurs humaines. Elles soulèvent tout de même plusieurs interrogations : les STI trop perfectionnés ne vont-ils pas déresponsabiliser les conducteurs qui manquent déjà d’attention ? Sachant qu’il y aura forcément des loupés, quelle marge d’erreur sera alors acceptable ? Après tout, il s’agit d’améliorer la sécurité de la conduite et non de créer des dangers supplémentaires.

Voir en ligne : Voitures autonomes : que penser d’elles d’un point de vue sécurité des motocycles ?