Petites réflexions sur la colère et la violence…

Depuis que la FFMC a été fondée en 1980, les premières réactions qu’entendent ses adhérents et ses représentants, c’est « pourquoi êtes-vous en colère ? » …et il nous faut toujours désamorcer cette interprétation inquiète du mot « colère » en rappelant que ça ne veut pas dire « violence ».

En cette fin d’année 2018, les mots « colère » et « violence » reviennent en force dans le débat public, brandis par les médias, les politiciens et ceux qui ont revêtu un gilet jaune en dernier recours pour exprimer leurs détresses et surtout, leur colère.

La colère (celle des motards à la fin des années 1970 en l’occurrence), c’est ce qui a fondé la création de la FFMC : en colère contre des décisions arbitraires, en colère d’être considérés comme les boucs-émissaires de l’accidentalité routière, en colère contre des réglementations absurdes, en colère contre la mauvaise foi des représentants de l’autorité qui prétendent régir des usagers qu’ils méconnaissent et que parfois, ils méprisent.

De cette colère, la FFMC et ses militants ont fait une force qui s’est traduite en actions : création de l’Assurance mutuelle des motards, d’un magazine de presse indépendant, réflexions et propositions sur l’éducation routière, les infrastructures routières, oppositions à la surenchère réglementaire, comme le contrôle-technique ou le port obligatoire et permanent du gilet jaune pour les motards décidé en 2012 sous Sarkozy et finalement lâché sous Hollande en 2013… suite à la ténacité de la FFMC contre cette énième mesure débile. Bref, la colère a souvent été payante pour s’opposer d’abord, rassembler, discuter, proposer ensuite et finalement, mettre en œuvre quand une solution peut être trouvée et acceptée. Mais quand la colère n’est pas prise en compte par les dirigeants d’un pays, quand les gens en colère ne sont pas écoutés, comment s’étonner que la violence ne devienne pas un moyen d’expression en réponse à la violence d’État, à la violence des mots et des décisions de ses représentants qui mettent les gens en colère. C’est vrai, rien ne justifie la violence.

Et pourtant, dire à un demandeur d’emploi qu’il n’a qu’à traverser la rue pour trouver du travail, c’est violent…
Reprocher au détenteur d’un véhicule de plus de 15 ans d’avoir une voiture ou une moto qualifiée de « polluante » et le forcer, par des interdictions de circulation, à le remplacer par un neuf ou carrément à s’en passer tout en l’accusant de contribuer au réchauffement climatique, c’est violent…
Faire la leçon aux usagers de la route sur la transition énergétique tout en laissant se développer le commerce de grande distribution, l’agriculture intensive et les autoroutes à péages pendant qu’on ferme des services publics locaux et des lignes SNCF qualifiées de « non-rentables » alors qu’elles étaient autrefois le lien et la réalisation d’un service public qui n’a pas à être rentable puisqu’il est public (et c’est ce qui, par principe démocratique, justifie l’impôt), ça met en colère…
Dire, pour les représentants de l’autorité, aux parents d’un jeune motard décédé contre une barrière à cause d’un trou dans la chaussée ou d’un épandage de graviers non signalés que s’il avait roulé moins vite, il n’aurait pas été responsable d’un « défaut de maîtrise de son véhicule », c’est violent…
Coller une prune de 135 € assortie d’un retrait de trois points de permis au motif de « port de casque non-homologué » à un motard qui circule paisiblement et à qui il manque juste quatre autocollants rétroréfléchissants sur son casque pourtant parfaitement homologué, ça met en colère…
Assigner des millions d’usagers à respecter une limitation de vitesse réduite à 80 km/h même là où ça n’a aucun sens et alors que la majorité de la population et de nombreux élus locaux ont contesté cette mesure, ça met en colère…
Déployer tout un système implacable de surveillance numérique, de contrôle-sanction-automatisé, de caméras de vidéo-verbalisation comme moyen principal de réduction de l’accidentalité routière alors que les filières de l’éducation routière et les associations œuvrant dans ce domaine sont abandonnées par l’État qui préfère ubériser en prétendant que ça coûtera moins cher, c’est violent…

Et quand la FFMC demande à être reçue par le ministre de l’Écologie pour partager et proposer des alternatives aux questions de mobilités et qu’elle ne recueille que mépris, n’est-ce pas aussi une forme de violence de la part de l’État qui ne peut que mettre en colère ceux qui veulent d’abord discuter ?
N’y avait-il pas de la violence dans les mots d’Emmanuel Macron quand il qualifie les Français en colère de « gaulois ingouvernables » ?
Quelques mois plus tard, avec cette crise des « Gilets jaunes », ces mêmes gaulois de plus en plus en colère répondent surtout qu’ils ne veulent plus être gouvernés par les tenants d’un ordre social d’une grande violence, quand l’ordre des uns fait le désordre des autres, quand l’ordre d’une minorité possédante et décideuse organise le désordre du plus grand nombre, tant sur le plan politique que sur le plan écologique.

Car en matière de crise environnementale, toute cette violence n’est rien comparée à ce qui nous attend si nous ne traitons pas les problèmes liés aux changements climatiques, quand la nature se met en colère.

Oui, c’est violent et ça fait mal… chez les motards, on appelle ça un « retour de kick ».

6 commentaires

Réponse à Laurent annuler
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    La FFMC est-elle un interlocuteur valable des pouvoirs publics et associations pour la sécurité routière ou pour l’écologie ? Force est de constater que non, vous le dites vous-mêmes. Votre discours n’est pas audible, c’est là VOTRE échec. A quoi serviraient les 42 euros que je verserais à la FFMC si vous êtes incapables de les transformer en succès ?

    Pour être respecté, il faut être respectable soi-même. Arrêtez donc de penser que les motards sont seuls sur terre. Ils sont comme les autres, ils ont des enfants, des parents, des conjoints et des amis qui ne sont pas motards. Ils comprennent ce que signifie le BIEN COMMUN. Vous seriez bien avisés de militer pour la tranquillité sonore de nos concitoyens, en invitant ces motards égoïstes à remettre les chicanes de leur pot d’échappement. Vous seriez bien avisés de condamner cette presse moto stupide qui invite aux comportements délictueux et contribue à envoyer à la mort nos propres enfants en leur faisant croire qu’ils pourraient être des champions de vitesse ou du wheeling.

    J’adhérerais à une Fédération de motards passionnés, responsables et respectueux, indignés s’il le faut et apaisés toujours. Votre colère fait de vous des personnes ni responsables ni audibles. Elle jette l’opprobre sur la communauté toute entière des motards.

  • Je suis surpris à la lecture de ce texte dont le développement contredit l’objectif.

    Colère et violence sont deux choses distinctes. Sauf légitime défense, la violence est inacceptable. La colère est humaine et mauvaise conseillère. Après 27 ans de prison, Nelson Mandela abandonne sa colère, il est libéré et devient Président de l’Afrique du Sud. En Inde, Gandhi fait partir les colonialistes britanniques car il prône sans relâche l’apaisement dans les actes et dans les mots.

    La colère est la violence des mots. Vous reconnaissez vous-mêmes que la violence est dans les mots puisque vous faites l’énumération de violences que les pouvoirs publics font subir aux motards par le simple propos. Vous faites le constat de votre propre d’échec en disant que "les gens en colère ne sont pas écoutés". A ce petit jeu-là, celui qui gagne est celui qui pactise le premier.

    Vous reprochez à nos détracteurs cette confusion entre colère et violence. Elle est tout aussi prégnante dans les rangs de vos supporteurs. En justifiant votre colère et les violences des motards ou autres citoyens autoproclamés représentants du peuple, vous êtes les premiers à instiller la confusion dans les esprits.

    Vous êtes convaincus des droits des motards ? Alors faites le savoir haut et fort, sans colère. Soyez plutôt indignés, sentiment porté avec efficacité par Stéphane Hessel. Il est à l’origine de nombreux mouvements qui ont réveillé les consciences.

    (suite)

  • quelle honte a savoir que les tarmos a ppc sont des corporatistes et n apportent aucun soutien au gilets apparement vos dirigeants sont a la botte.... pourtant habitues aux services d ordre des manifs epaules par ceux en charge republicaine qui compte sur vous pour la securite les normaux les deglingos de service et ceux qui les subissent la belle image de la moto surtout pour les enfants qui nous aiment bien combien se retournent et te remercient au passage pieton fais un signe pour les
    prevenir de l autre sens de circul meme sa mere ou son pere n arrive pas a le detourner du regard de ta passion

  • J’ai fait comme d’autres les manif 80km/h, horaire et parcours défini, arrivée devant une préfecture fermée (un samedi fallait s’en douter), 30mn de bla bla et retour sweet home ... pour rien puisque le 80km/h est là mais à vrai dire je me disais bien aussi que cette colère contenue ne gênait pas grand monde, et surtout pas le préfet qui devait être en we au frais de la princesse ... Alors quoi ? Ca sert à rien de manifester ? Peut-être ...
    Le jour où le CT sera obligatoire, on retournera dans la rue jouer les pas contents, puis un mois plus tard on se dira "merde ma vieille meule elle craint elle pollue, avec la dernière xxx je serais peinard", et on rentrera dans le rang ...
    Du coup quel avenir pour des motards en colère ? Râler un coup, faire vroum vroum en groupe, se rassurer qu’on existe. Mais les luttes des anciens c’était avant.
    Je garde ma vieille meule qui suce autant que je picole, on fera encore des bornes ensemble, du cambouis sur les mains, et je m’en bats les c... c’est ma façon d’être en colère et anti-conformiste !

  • Bjr .tout comme le commentaire d avant je suis entièrement d’accord avec lui et vous . Pour les 80 km/h j ai participé à 3 manifs et fait 3 fois le tour du Mans pour finir a la préfecture en ayant juste "emmerder" les gens qui faisaient leurs courses.
    J avais proposé comme quand j ai manifesté contre la loi debile a sarko de taper aux rentes de l état "faire flasher les radars " je me suis fait refouler .Donc cette antenne ou j etais adherant il y a très longtemps ne devrait pas se plaindre de ne pas avoir plus de personnes puisque jamais ecouter.j avais proposé a l’époque "une moto 2 adherants " cela permettait de gonfler les nombres d’adhérants en augmentant significativement le prix au fur et a mesure des années et bien que nenni pas de réponses.
    Alors c est tres tres bien ce qui est fait et je soutient tout comme dernierement ou j etais au rond point avec les gilets jaunes mais on ne peut etre adherant et jamais écouter
    Cdt

  • Salut à tous,

    En grande partie d’accord avec ce propos.
    La reconnaissance de la FFMC est une bonne chose pour faire entendre notre voix, toutefois c’est aussi un inconvénient quand il s’agit de manifester, être cantonner à un parcours prédéfini et retour à la maison au coup de sifflet final, en décourage plus d’un dont moi bien souvent.
    De plus le montant de l’adhésion est me semble trop élevé, Un €uro ne serait il pas suffisant ? dans mon entourage plus d’une cinquantaine serait prêt à adhérer à ce tarif , vous pourriez ainsi avoir un nombre d’adhérent bien plus porteur ...

    Ceci étant dit félicitation et Merci à ceux qui font même si tout n’est pas parfait ...
    Motardement ✌️✊️ Guy EUGENE