Retraçons l’histoire hallucinante de cette obligation de port du masque à moto : crise sanitaire oblige, le port du masque est rendu obligatoire dans les lieux publics clos à partir du 20 juillet. Mais le nombre de cas progressant toujours, une mesure plus contraignante intervient à compter du 28 août : les préfectures des zones rouges doivent promulguer un arrêté généralisant le port du masque. C’est parti !
Le texte promulgué par chaque préfecture n’ayant fait l’objet d’aucune réflexion (ni consigne) préalable, chaque département concerné y est allé de sa formule locale. Ce qui serait non seulement respectable, mais adapté si les cas étaient différents, devient plus discutable car le problème des centres-villes est identique dans toutes nos grandes villes classées rouge. Du coup, ici tout le monde doit porter un masque en toutes circonstances, là le lobbying des cyclistes fait promulguer une exception à Paris, qui sera suivie par plusieurs autres préfectures.. Une exception qui démontre s’il en était besoin que la décision initiale a été prise sans avoir un instant envisagé les conséquences ou motivée par des raisons idéologiques !
La FFMC avait pourtant pris les devants en montrant que l’usage d’un deux-roues motorisé était à lui seul une réponse efficace, la distanciation plus l’équipement rendant le risque de contamination par un tel usager plus que minime !
D’autres départements voient un arrêté qui dans le texte inclut bien les usagers de deux-roues motorisés (2RM), mais les préfectures assurent (verbalement !) qu’il n’y aurait pas de verbalisation. Quand on sait que le discernement est laissé à l’initiative des forces de l’ordre, la méfiance est de rigueur. Ainsi, dans l’Aveyron, un motard a été verbalisé pour ne pas avoir porté de masque sanitaire, alors qu’il n’y a pas d’arrêté sur le sujet autre que celui du 20 juillet en Aveyron ! Un exemple extrême, mais qui montre bien que si les personnes des forces de l’ordre ont parfois du mal à s’y retrouver dans ce qui est obligatoire, que dire du grand public ? Nous sommes, là encore, face à un exemple des conséquences d’une décision mal expliquée, inégalement répartie donc incompréhensible.
Pourtant quelques préfectures ont montré qu’il était possible de faire preuve de discernement, comme celle des Bouches-du-Rhône (13), qui explicite les exceptions suivantes :
les personnes en situation de handicap munies d’un certificat médical justifiant de cette dérogation et qui mettent en œuvre les mesures sanitaires de nature à prévenir la propagation du virus.
les personnes pratiquant une activité sportive en plein air
les usagers de deux roues.
La préfecture de Seine-Maritime (76), elle aussi, a promulgué peu ou prou les mêmes exceptions raisonnables.
Dans le département du Nord, la préfecture a sagement décidé que la mesure ne s’appliquerait pas aux voies de circulation, éteignant de fait la polémique du ’masque sous le casque’.
Le plus étonnant a été constaté en région parisienne : les préfectures de Paris (75), des Hauts-de-Seine (92), de Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94) ont publié un communiqué de presse commun le 28 août pour annoncer l’obligation de porter le masque en toutes circonstances. Pourtant les arrêtés préfectoraux étaient différents alors même que l’annonce était commune. Plus étonnant, quand le tribunal administratif ordonne à la préfecture de Paris de modifier son arrêté pour en exclure les conducteurs de 2RM, ce n’est suivi d’aucun effet de l’autre côté du périph... Encore notera-t-on que la préfecture de Paris impose aux motards une visière baissée alors qu’elle n’avait opposé aucune condition à l’exception des cyclistes. Tant mieux pour les cyclistes (dont fait partie l’auteur de ces lignes), mais tant pis pour le bon sens et l’équité.
- Motomag 370 : Masque à moto, stupide et dangereux