Voici le texte soutenu par les signataires réunis autour de la Ligue des droits de l’homme (LDH) pour préserver la liberté de manifester, fondamentale en démocratie.
Liberté de manifester : abrogation de la loi
Si la loi est votée par le Parlement au nom du peuple français, elle ne peut et elle ne doit pas porter atteinte à la libre expression du peuple. La loi adoptée par l’Assemblée nationale qui prétend encadrer le droit de manifester reste, malgré la censure partielle du Conseil constitutionnel, une atteinte grave aux libertés publiques et à l’équilibre des pouvoirs.
Les violences contre les personnes, les biens, les institutions qui ont eu lieu ne peuvent justifier qu’un exécutif s’arroge des pouvoirs exorbitants. Participer à une manifestation ne saurait signifier le risque pour chacun et chacune d’entre nous d’être poursuivi, fiché et condamné pénalement comme financièrement.
Soumettre les participants et les participantes à une manifestation à une fouille systématique, faire d’un visage en partie couvert un délit, persister dans l’usage d’armes qui mutilent, voici l’esprit et la lettre de mesures qui sont autant d’empêchements à l’exercice d’un droit essentiel en démocratie : celui de manifester publiquement, collectivement et pacifiquement son opinion.
Cette loi de circonstance porte un lourd risque d’arbitraire des gouvernements d’aujourd’hui comme de demain, nous en demandons l’abrogation. C’est pourquoi nous appelons à manifester partout en France le samedi 13 avril 2019.
La conférence de presse parisienne se tiendra jeudi 11 à 11h au siège de la LDH, et la manifestation parisienne aura lieu samedi 13, départ 14h de la place de la république pour aller jusqu’à la place de la Nation.
Quelques éléments de réflexion :
- L’appel est indépendant de toute position politicienne, même s’il s’avère que certains partis annoncent leur soutien.
- La FFMC regrette que seuls ces partis rejoignent l’appel à manifester, ce qui sous-entend que les autres formations politiques semblent avoir oublié « Liberté – Égalité – Fraternité », qui est pourtant une maxime fondatrice de la République et de ses valeurs démocratiques.
- La communication sur ce sujet est trompeuse, à commencer par le surnom « anti-casseurs » de cette loi :
- c’est trompeur parce que les dispositifs qui permettent de punir les casseurs existent déjà, la preuve en est la communication très large qu’en fait notre gouvernement sur les plus de 2000 arrestations suivies de comparutions dans la semaine qui suit !
- Le fichage existe déjà, on en a vu l’efficacité avec les attentats de triste mémoire (et sur les multi-récidivistes de toutes sortes) : ça n’a rien changé !
- L’interdiction de lieux de manifestation a toujours existé : la FFMC n’a par exemple JAMAIS eu le droit de manifester sur les Champs-Élysées : ce qui permet de l’interdire existe donc déjà.
- L’association entre cette loi et les gilets jaunes est un raccourci utilisé par le gouvernement comme chiffon rouge contre le mouvement des gilets jaunes qu’il a bien du mal à juguler. Cette loi est une forme d’extension définitive de l’état d’urgence, avec toutes les dérives imaginables pour empêcher les protestations qui seraient légitimes.