L’assemblée générale de la FFMC a lancé un message clair : « On ne veut pas d’une transition écologique punitive, nous refusons cette marche forcée vers une motorisation électrique, prétexte à toujours plus de consommation, d’exploitation de ressources finies et d’exclusion sociale ».
En même temps, le deux-roues motorisé présente tous les atouts d’une mobilité durable et la FFMC a des propositions et des projets en la matière. « Nous voulons des motos légères, sobres, économiques à l’usage comme à l’entretien, durables, qui préservent le plaisir de rouler mais qu’on ne jette pas au bout de 5 ans sous prétexte de nouvelles restrictions de circulation, ou d’obsolescence bien programmée ».
La menace des ZFE
Au coeur de la colère contre cette « transition », les Zones à Faible Emissions visent à restreindre l’accès aux centres villes de véhicules trop anciens. « Ma moto de 98 n’est peut-être pas aux derniers standards technologiques, mais elle a amorti l’énergie nécessaire à sa fabrication depuis longtemps » soutient un autre militant de la FFMC PPC. Et de toute façon, je n’ai pas les moyens d’en changer » . Restreindre les déplacements des citoyens sans offrir d’alternative sérieuse, c’est le principal reproche fait par les militants de la FFMC aux ZFE (zone de restriction de circulation) qui prennent en tenaille les déplacements de ceux qui n’ont pas les moyens (ou pas l’envie) de changer de véhicules.
« Le Bonus/Malus est une escroquerie, ça consiste à taxer les motos thermiques pour subventionner l’électrique » nous confie un autre militant. Des questions demeurent sur cette motorisation (raréfaction des matières premières, recyclage des batteries, origine nucléaire ou carbonée de l’électricité, …) les motards restent donc circonspects vis à vis de cette énergie.
Coté constructeurs, on refuse aussi cette marche forcée vers l’électrique. « On a investi massivement dans les normes euro5, et en même temps, les pouvoirs publics annoncent déjà leur interdiction future dans les grandes métropoles. C’est incohérent ! »
L’étude menée sur le Panel « 2 roues Lab » montre une image plus contrastée. 67% des sondés considèrent la TEE du 2RM est une contrainte imposée, mais 73 % estiment que c’est un glissement progressif vers un comportement plus responsable. Seuls 12% admettent ne mener aucune action pour la diminution de la pollution alors que 48% sont plutôt favorables à une motorisation électrique et 21% envisagent un achat. Les motards en général semblent plus ouverts que les militants de la FFMC.
Moto connectée ?
Sur un autre chapitre, Bertrand Olivier Ducreux, spécialiste mobilité et transports à l’ADEME, a rassuré les participants : la moto connectée n’est pas pour demain ! C’est infiniment plus compliqué que pour une voiture, mais surtout sans intérêt car qui voudrait d’une moto qui se conduit toute seule ? D’ailleurs même pour les voitures, c’est bien compliqué aussi, entre enjeux de responsabilité légale, contraintes techniques et réglementaires….
Du côté des usagers de la route on s’inquiète surtout du pistage généralisé de ces nouveaux véhicules connectés. « Avec la voiture connectée, plus besoin de radar automatique, le mouchard est déjà dans le voiture » dénonce Marc Bertrand, chargé de mission sécurité routière à la FFMC.
Le futur ou l’avenir ?
Mais une partie de la salle ne comprend pas ces débats perçus comme ésotériques sur le futur de la moto. « Qu’est-ce que j’en ai à foutre des motos sur lesquelles on roulera dans 20 ans ? Je ne sais même pas si je pourrais encore rouler ! » lance un participant. D’autres rejettent cette attention portée aux questions d’environnement. « On n’est pas des écolos ! ».
Mais là, les plus jeunes se rebiffent « ça serait pourtant gentil d’y penser à l’avenir, et au futur de la planète aussi ! Dans 20 ans, on ne sera pas en EHPAD, nous ».
Là où tout le monde est d’accord, c’est pour fustiger l’attitude du gouvernement sur ce satané « 80 ». En faisant mine de faire marche arrière avec la modulation des vitesses par département, le gouvernement laisse un cadeau empoisonné aux présidents de conseils départementaux qui doivent assumer la décision de remonter ou pas la vitesse. « C’est une arnaque, on culpabilise ouvertement les départements ».
« le problème essentiel n’est pas dans ces 10 km/h de plus ou de moins, écrit la FFMC dans un courrier qui sera envoyé aux députés, maires et conseillers départementaux. La politique de sécurité routière est par trop répressive et détourne les conducteurs des véritables enjeux de la sécurité routière : le respect d’autrui et le partage raisonné de l’espace routier, et l’entretien des infrastructures. »
Place aux jeunes !
Les militants se sont séparés après 3 jours de débats animés, avec la constitution d’un groupe de travail constitué de jeunes afin d’étudier comment attirer davantage de sang neuf dans la fédération. A l’heure où les barbes grises commencent à dominer le paysage de ses réunions, la FFMC a conscience que penser au renouvellement des générations, et faciliter l’accès des jeunes à la moto et à la FFMC devient urgent.