Quand il y a déjà cinq ans, des « experts » de la sécurité routière ont imaginé abaisser la vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire en disant qu’en roulant moins vite, les usagers de la route se tueraient moins et qu’il fallait une « mesure de rupture aux Français », la Fédération française des motards en colère (FFMC) a alerté sur les effets négatifs de ce type d’injonction autoritaire.
Forte de quarante années d’expérience dans le domaine du risque routier, de la prévention et de l’éducation routière, la FFMC a alerté sur les dangers croissants de l’envahissement des téléphones connectés et autres terminaux informatiques à bord des voitures et des risques que ces appareils font courir aux plus fragiles (ceux qui ne sont pas protégés dans les voitures) à cause de l’inattention qu’ils provoquent. La FFMC a rappelé combien les comportements de prudence sont liés à une prise de conscience des usagers en interaction dans un espace public et non à des menaces de punitions ou à des décisions arbitraires et incomprises. La FFMC a dit que le 80 km/h n’allait pas générer la « rupture » espérée par les ministères, mais qu’elle risquait d’engendrer, par son côté autoritaire et incantatoire, une rupture de confiance des citoyens à l’égard de la politique de sécurité routière toute entière qui est un domaine fragile. Le 80 km/h a fait effondrer le château de cartes : on ne peut pas construire une politique acceptable en commençant par renforcer les sanctions, puis en les faisant appliquer, et terminer en changeant les règles !
Le résultat est là et les victimes sont en premier lieu les usagers vulnérables, piétons, cyclistes et usagers de 2RM, les plus fragiles. Le 80 km/h ne les a pas sauvés.
C’est toute la politique de sécurité routière qu’il faut revoir. Il faut la penser avec les usagers et non contre eux.