En cette rentrée de septembre, le ministre de l’Intérieur nous sort sa gomme à effacer le sourire et rappelle aux citoyens que le programme de l’année sera sécuritaire aussi sur les routes. Hélas sans surprise puisque son règlement disciplinaire à base de caméras embarquées et de ponctions pécuniaires promises aux « mauvais élèves » de la route n’est pas si nouveau que ça : Gérard Collomb ne fait que chausser les bottes de ses prédécesseurs dans la continuité d’une politique usagée qui n’en finit pas d’écœurer les usagers.
En cette rentrée scolaire 2017, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur et de la sécurité rentière communique beaucoup sur la privatisation des contrôles de vitesse, en mode annonce et nouveautés… sauf que cet énième abandon des missions régaliennes déguisé en « expérimentation » pour mieux faire passer la pilule était déjà annoncé en octobre 2015 par Manuel Valls devenu entre-temps 1er ministre. C’était même la 2ème mesure d’un plan dit de « sécurité routière » en contenant 26 : écrit noir sur blanc, cette mesure annonçait : « augmenter, dans les meilleurs délais, l’utilisation de radars embarqués dans des véhicules banalisés, en confiant leur mise en œuvre à des prestataire agréés, sous étroit contrôle de l’État ». Et comme d’habitude, c’est le citoyen qui se retrouve sous étroit contrôle de l’État, via des agents de surveillance travaillant pour des sociétés privées.
Collomb enfonce des portes ouvertes
Donc, alors qu’aujourd’hui Gérard Collomb fait mine de sortir une future « expérimentation » de son cartable de ministre de l’Intérieur, le dispositif est déjà à l’œuvre depuis le 24 février dernier dans l’Eure et sans attendre les résultats de cette expérimentation, le recrutement des chauffeurs des 26 radars mobiles a été lancé le 19 avril, comme le rappelle l’hebdomadaire Marianne dans son édition du 28 juillet. Et ce n’était pas un scoop puisque ces infos étaient déjà révélées dans une enquête exclusive publiée par le mensuel Moto-Magazine dans son numéro d’avril 2017.
Bref, rien de nouveau sous le triste soleil de la sécurité routière déjà assombri par des statistiques funèbres en hausse depuis quelques années, malgré tous ces radars censés sauver des vies, au motif de lutter contre « la violence routière », comme le justifie monsieur Barbe interrogé dans l’enquête de Marianne parue fin juillet.
Le problème, c’est que cette augmentation de la mortalité routière est due à une recrudescence des accidents dont sont victimes les piétons et les cyclistes, catégories pas vraiment en cause dans les accidents dues aux vitesses excessives qui motivent cette frénésie des contrôles par radars mobiles embarquées dans des voitures banalisées sur les grands réseaux routiers. Mais ce n’est pas tout ! Soucieux de rappeler que la sécurité routière (déjà mise à mal par l’aveuglement et la doctrine sécuritaire de ceux qui en ont la charge) est un problème qui le préoccupe, Gérard Collomb fait son coup de com’ sur un dispositif déjà ficelé et emballé et justifie la privatisation de ces contrôles au motif de soulager les forces de l’ordre redéployées sur le terrain de la sécurité antiterroriste. Nous y voilà… « l’état d’urgence » sert de prétexte pour déléguer la surveillance des conducteurs à des entreprises privées et permet à Gérard Collomb de nous servir sa soupe à la grimace avec des ingrédients déjà plusieurs fois réchauffées à la cantine de l’Elysée.
Allez, bon appétit et vive la rentrée !