Chaque mois, l’ONISR (Observatoire interministériel de la sécurité routière) publie un baromètre de l’accidentalité routière, assorti d’un communiqué de presse. Le baromètre fait le bilan de l’accidentalité du mois concerné, et fait plusieurs catégories de comparaisons : évolution sur 12 mois, nombre de tués, de blessés. L’évolution de l’accidentalité est habituellement caractérisée par une comparaison avec le même mois de l’année précédente, mais cette comparaison étant faussée par la circulation réduite du fait de la crise sanitaire, l’ONISR compare également à la dernière année "de référence" lors de laquelle la circulation ne connaissait pas de diminution du fait des mesures sanitaires : 2019. Donc dans les chiffres transmis par l’ONISR, on trouve la comparaison entre mars 2022 et mars 2021, mais aussi entre mars 2022 et mars 2019. Jusque-là, tout est cohérent.
Là où le bât blesse, c’est dans la façon d’exprimer ces comparaisons, très subtilement différente selon qu’on parle des accidents des automobilistes ou de ceux des motocyclistes, voici comment :
Le titre du CP exprime bien la double comparaison :
Hausse de la mortalité routière en mars 2022
par rapport à mars 2021 et baisse par rapport à mars 2019
Plus loin, on arrive aux commentaires de l’accidentalité par catégorie d’usagers, donc automobilistes et motocyclistes :
Pour les automobilistes, c’est exprimé ainsi :
La mortalité des automobilistes est en hausse par rapport à mars 2021 et en baisse par rapport à mars 2019 : 111 personnes sont décédées en mars 2022, soit 17 de plus qu’en mars 2021 et 15 de moins qu’en mars 2019.
Pour les motocyclistes, voici le texte :
La mortalité des usagers de deux-roues motorisés est en hausse en mars 2022 : 55 motocyclistes ou cyclomotoristes ont trouvé la mort, soit 10 de plus qu’en mars 2021 et 11 de moins qu’en mars 2019.
Donc pour les automobilistes, il est clair tout de suite qu’il y a une baisse par rapport à 2019, alors que pour les motocyclistes, le commentaire parle d’une "hausse en mars 2022", et ce alors que la baisse est plus importante pour les motocyclistes que pour les automobilistes, et qu’il serait bon de s’en féliciter !
Petits calculs :
Automobilistes, 15 de moins qu’en mars 2019, soit 15/126 donc - 11.9 %.
Motocyclistes, 11 de moins qu’en mars 2019, soit 11/66 donc – 16.7 %.
Ça peut paraître sans importance, mais en réalité, ce "racisme ordinaire", volontaire ou non, a tendance à jeter le discrédit sur notre communauté, et de ce fait s’avère inutilement nuisible.
Et vous, qu’en pensez-vous ?