La sécurité routière dans le mur, les discours dans le dur

Le bilan annuel 2015 de la sécurité routière annonce une hausse de 2,4% de la mortalité. Avec 80 morts de plus que l’année précédente pour un total de 3 464 personnes décédées, cette hausse concerne principalement les automobilistes (+8%). Pour les 2RM, la baisse est de -1% chez les motards (+125 cm3) et -10% chez les cyclomotoristes (-125 cm3). En Pères fouettards habituels, les responsables politiques fustigent la vitesse et annoncent plus de sévérité, plus de radars, plus de contrôles, plus, plus, plus…

Au ministère de l’Intérieur, la grille de lecture est restée bloquée sur le même régime qui carbure à la culpabilisation des usagers et les annonces de fermeté. Ça ne fonctionne apparemment pas si bien que ça puisqu’ils nous annoncent que les « mauvais chiffres » sont en hausse et qu’il va falloir sévir… Evidemment, nos hauts-fonctionnaires nous rabâchent que la méchante vitesse est la cause primaire de tous ces maux pour resserrer encore la ficelle du paquet répressif à grands renforts de radars leurres et de drones… les policiers et gendarmes en chair et en os étant déjà fortement sollicités par les tas d’urgences de Vigipirate.

A la Fédération française des motards en colère, nous qui sommes vraiment dans la circulation, nous constatons que l’usage des distracteurs embarqués (téléphone, GPS, écrans…) et le non-usage des rétroviseurs et des clignotants sont des dangers sur lesquels il faudrait communiquer… mais comme ces « oublis » ne sont pas exploitables par les machines à cash du contrôle-sanction-automatisé, la prévention est encore reléguée au second plan.

En ce qui nous concerne, le délégué interministériel est tout content d’annoncer le port des gants obligatoires et un futur contrôle de conformité à la revente d’un 2RM qui relève plus de la protection du consommateur que de la sécurité proprement dite. Mais il a l’air convaincu que ça va « sauver des vies »… Ah au fait, la moitié des 80 morts supplémentaires de ce bilan 2015 sont les 43 victimes de l’accident d’autocar de Puisseguin.