Les répercussions de la mesure

La visibilité des usagers de gabarit réduit.

Il est incontestable que des véhicules avec des lumière allumées de jour sont plus visibles. Par contre, un conducteur voyant venir contre lui un véhicule avec ses lumières allumées aura son attention attirée par ce dernier aux dépens d’autres usagers de la route sans lumières de jour, comme les cyclistes et les piétons. Dans cette compétition lumineuse les usagers vulnérables courent le risque de ne pas être vu, ce qui n’aurait pas été le cas si tous les usagers étaient visible avec la même intensité lumineuse.
L’allumage des feux de jour a donc deux effets opposés, d’une part il réduit potentiellement le risque d’accidents entre véhicules illuminés, mais d’autre part la surexposition lumineuse de ces véhicules rend les usagers vulnérables moins visibles et augmente potentiellement le risque d’accidents pour ceux-ci.
Fédération Européenne des associations de Victimes de la Route

Par ailleurs, les motos (de plus de 125 cm3) ont obligation depuis 1975 d’allumer leur feux de croisement en journée, pour compenser leur gabarit réduit et les différencier dans le flot de circulation. La mesure met fin à cette différentiation, alors que les chiffres des assurances, montrent que dans plus de 2/3 des accidents où sont impliqués un quatre roues et un deux roues, c’est le conducteur de la voiture qui est responsable.

Et la visibilité des deux roues à moteur est bien une question cruciale : dans plus de 50% des accidents impliquant une voiture et une moto, l’automobiliste reconnaît un défaut de perception du deux-roues (INRETS 2002).
L’étude européenne MAIDS (http://maids.acembike.org), publiée il y a quelques semaines, annonce même le chiffre de 70% !

Enfin, les cyclos, scooters, vélos et piétons, qui sont encore plus vulnérables en cas d’accidents, devraient logiquement faire l’objet d’une attention accrue. L’allumage des feux de jour pour les voitures les met au contraire dans une situation de faiblesse accentuée, .

Modification notable du concept de partage de la route

Ensemble partageons la route : respectons nous les uns les autres
La rue, la route sont les lieux publics où s’exerce la liberté fondamentale de déplacement de chacun.L’espace routier doit être partagé. Respect et tolérance à l’égard des plus vulnérables doit être la règle.
Automobilistes, respectons les cyclistes, plus vulnérables que nous, notamment en redoublant d’attention
Revue "Sécurité Routière", mai 2004 : Le partage de la route en 12 pratiques, DSCR
(http://www.securiteroutiere.gouv.fr/IMG/pdf/dpl._partage_route-2.pdf)

Là où l’espace routier devrait être partagé, respect et tolérance à l’égard des plus vulnérables devant être la règle, l’allumage des feux de croisement automobiles le jour va bouleverser cette idée : les piétons et les cyclistes, par nature dépourvus de feux, deviennent plus difficiles à repérer, ce qui augmente par conséquent leur vulnérabilité. Le risque d’une augmentation des accidents de vélos, motos, cyclomoteurs et piétons est manifeste.

L’argument avancé par le ministre des transports qui indique que les piétons percevront mieux les automobiles revient à dire que ce sera désormais aux piétons de faire attention aux automobilistes.

Effet sur la sécurité routière

Plusieurs études ont été réalisées pour montrer que les feux de jour permettent d’améliorer la sécurité routière, principalement en Europe du Nord et en Scandinavie.

Mais pour chaque étude censée prouver l’efficacité des ‘feux de jour’, il existe une étude qui démontre l’inverse. Erreurs de méthodologie, extrapolations douteuses, études biaisées sont légions.

La route est un milieu ouvert où beaucoup de variables entrent en jeu dans un accident. C’est un réseau multifonctionnel, qui aurait nécessité d’isoler la variable « feux de jour » pour en faire une évaluation scientifique. Aucune étude disponible à l’heure actuelle n’a été faite en ce sens.

Par souci de transparence, la FFMC a d’ailleurs rendu disponible sur son site internet, dès octobre 2004, l’ensemble de ces études afin que chacun puisse se faire une idée.

Conséquences environnementales

"on estime à 1 à 2% le surcroît de consommation qu’entraîne en moyenne l’allumage des feux de croisement le jour."
(Source : sécurité routière)

Avec plus de 30 millions de véhicules concernés en France parcourant chacun 13 000 kilomètres par an, l’allumage des feux de croisement le jour représente une augmentation annuelle de la consommation carburant de 780 millions de litres (soit, par le biais de la TIPP et de la TVA, une rentrée fiscale de plus de 600 millions €).

L’ADEME (http://www.ademe.fr/) a chiffré la surpollution conséquente : 1,3 million de tonnes de CO2 supplémentaires, soit une hausse de 1,56% de la pollution du secteur routier, ce qui reviendrait à un retour en arrière de 5 ans en termes de pollutions automobile !

A l’heure où la pollution représente une préoccupation mondiale, et où stabiliser les niveaux d’émissions polluantes s’avère un véritable défi, est-il raisonnable d’envisager sereinement une telle mesure, qui conduirait à dégrader encore plus la situation écologique et l’impact sur l’écosystème et notre santé ?