La répression à toute vitesse

A l’occasion de la remise des Écharpes d’Or de la Prévention Routière, Nicolas Sarkozy annonce toujours plus de radars et s’émeut du nombre de victimes en deux-roues motorisés… rien de neuf, en fait.

Mercredi 30 novembre, Monsieur Sarkozy s’est félicité des progrès accomplis en sécurité routière ces quarante dernières années, où nous sommes passés de 18 000 morts à environ 4 000 aujourd’hui… Progrès dont il s’attribue tout le mérite, cela va de soi.

Évidemment, il s’est alarmé que les usagers en 2RM représentent « 24% des tués pour 2% du trafic », usant de cette bonne grosse ficelle argumentaire qui marche à tous les coups et qui ne veut pas dire grand chose, le parc 2RM n’étant pas connu avec précision par les pouvoirs publics. Là où c’est plus inquiétant, c’est quand il évoque « la croissance de la mortalité des usagers en 2RM » alors que les chiffres des services de l’État disent le contraire avec une baisse de 20% de la mortalité des motocyclistes, plus forte baisse de toutes les catégories d’usagers.
Au chapitre des victimes, il déclare que « la moitié d’entre-elles n’ont eu que le tord d’avoir rencontré leur assassin », ces victimes étant selon Monsieur Sarkozy « des braves gens dans leur voiture »…

Nous en déduisons donc que les 24% d’usagers tués en 2RM ne sont pas des vraies victimes, en tout cas pas des victimes innocentes puisqu’elles avaient le tord de ne pas être en voiture au moment de leur accident.

Le reste du discours portait sur la vitesse forcément excessive, ce qui va justifier 400 radars supplémentaires, la mise en place du LAVIA (limiteur automatique de vitesse) et de l’éthylotest bientôt obligatoire à bord. Rien sur l’usage du téléphone qui fait pourtant autant de victimes que l’alcool sur les routes, rien sur des infrastructures routières moins dangereuses pour les motards, rien sur la formation des conducteurs…

Rien de nouveau finalement et surtout pas la réalité des causes d’accidents bien différentes des idées reçues de Monsieur le Président.
Rien… sauf l’éternelle recette de culpabilisation et de répression nappée d’émotion.